PARIS - Des neutrinos -particules élémentaires de masse presque nulle et
de charge électrique neutre- ont peut-être dépassé la vitesse de la
lumière: c'est ce que que semblent indiquer les mesures effectuées par
une équipe internationale de scientifiques menée par un chercheur du
Centre national de la recherche scientifique, Dario Autiero, a annoncé
jeudi le CNRS.
Ces résultats étonnants ont été découverts dans le cadre de l'expérience
internationale OPERA, dédiée depuis 2006 à l'observation d'un faisceau
de neutrinos produit par les accélérateurs de l'Organisation européenne
pour la recherche nucléaire (CERN) à Genève, et détecté 730km plus loin
depuis le laboratoire sous-terrain de Gran Sasso en Italie.
Cette distance, la lumière la parcourt en 2,4 millisecondes, à 299.792km
par seconde. Mais l'expérience OPERA a pu mesurer des neutrinos
arrivant à Gran Sasso 60 nanosecondes plus tôt. Autrement dit, sur une
"course de fond" de 730km, les neutrinos franchissent la ligne d'arrivée
avec 20 mètres d'avance sur des photons hypothétiques qui auraient
parcouru la même distance, explique le CNRS dans un communiqué.
Ce résultat "est totalement inattendu", a commenté Antonio Ereditato, de
l'Université de Berne et porte-parole de l'expérience OPERA. "De longs
mois de recherche et de vérifications ne nous ont pas permis
d'identifier un effet instrumental expliquant le résultat de nos
mesures. Si les chercheurs participant à l'expérience OPERA vont
poursuivre leurs travaux, ils sont impatients de comparer leurs
résultats avec d'autres expériences de manière à pleinement évaluer la
nature de cette observation", a-t-il ajouté.
Jusqu'à présent, la vitesse de la lumière a toujours été considérée
comme une limite infranchissable. Si les résultats étaient confirmés et
montraient que ce n'était pas le cas, cela pourrait ouvrir des
perspectives théoriques complètement nouvelles.
"Compte tenu de l'énorme impact qu'un tel résultat pourrait donc avoir
pour la physique, des mesures indépendantes s'avèrent nécessaires afin
que l'effet observé puisse être réfuté ou bien formellement établi.
C'est pourquoi les chercheurs de la collaboration OPERA ont souhaité
ouvrir ce résultat à un examen plus large de la part de la communauté
des physiciens", ajoute le communiqué du CNRS. AP
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